Chiny au Moyen Age : forteresse comtale et bourg affranchi
Il semble bien que dans la seconde moitié du XIIe siècle, le château de Chiny ait cessé d'être la résidence principale des comtes, la fréquence des actes expédiés d'Ivois (actuel Carignan) incitant à reconnaître dans cette localité de la vallée de la Chiers leur capitale effective, du moins jusqu'à ce que la construction de la forteresse de Montmédy (vers 1230) leur fournisse un nouveau point de chute. Vouloir pourtant cantonner Chiny au rang du manoir de chasse sur la foi de la proximité de sa grande forêt, ne rendrait pas justice à ce qui demeura un petit centre administratif et militaire, auquel on tenta d'insuffler de surcroît une vie économique. Le comte y maintint en effet la garnison, le siège prévôtal et institua foires et marché. La documentation médiévale relative à la ville de Chiny est singulièrement maigre ; mais en ressort un document intéressant : le texte d'une charte d'affranchissement (1301). Les franchises octroyées par cette charte sont, de loin, les plus libérales qui furent jamais octroyées dans le comté de Chiny. A qui de telles franchises s'adressent-elles et pourquoi ? Il semble que les personnes qui peuplèrent le « burgus » fortifié de Chiny – désignées comme « burgenses » ou « castellani » - jouirent très tôt d'un statut privilégié, lequel s'expliquerait assez par le voisinage de la cour comtale qui les employait à divers titres : fournisseurs de denrées, domestiques, gens d'armes, ministériaux… Capitale déchue, dont le marché, loin des axes routiers, ne brisa guère l'isolement, Chiny conserva néanmoins jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, un statut exceptionnel, lié essentiellement au déterminisme historique de ses origines.
D'après Arlette LARET-KAYSER, Chiny, mille ans d'histoire, 2000, p. 117-126.





